Lux in tenebris

Une lumière dans les ténèbres ?

Le Rapport Meadows de 1972 : Alerte Ignorée

L’équipe du rapport, en 1972 : Jorgen Randers, Jay Forrester, Donella et Dennis Meadows,
William W. Behrens – ©Dartmouth College Library

En 1968, un groupe d’individus regroupant quelques scientifiques, économistes, hommes d’affaires, décideurs politiques et de fonctionnaires nationaux et internationaux, fonde en 1968 le Club de Rome.
L’objectif principal de ce groupe de réflexion est de se préoccuper des problèmes complexes auxquels doivent faire face l’ensemble des sociétés qui composent notre monde, afin d’en analyser les problèmes et de proposer des solutions constituant des pistes cohérentes pour un développement durable.
Cette organisation réunie pour la première fois en avril 1968 à l’occasion de la publication du rapport «Meadows», première analyse concrète sur les périls environnementaux, de la menace que constitue une croissance économique galopante, et le danger extrême d’une démographie non contrôlée, a mis en exergue les dangers de l’inaction.
Le Club de Rome acquiert une notoriété mondiale à l’occasion de la publication en 1972 de ce rapport intitulé «Limites à la croissance».

Les conclusions sont alarmantes, en substance, ce rapport prévient que :
« Si les tendances actuelles de croissance de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources se poursuivent sans changement, des limites seront atteintes au cours des cent prochaines années. Et en découlera vraisemblablement le déclin, rapide et incontrôlable, de la population et de la production industrielle. »
Ils soulignent également que l’augmentation de la pollution et l’épuisement des ressources naturelles pourraient conduire à un effondrement économique et démographique.
Ces conclusions datent d’il y a plus de cinquante ans !

Pour quelles raisons, les alertes de 1972 ont elles été ignorées ?
Le rapport Meadows a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment en raison de la simplicité de son modèle et de certaines hypothèses qui ont été jugées trop pessimistes. Certains économistes ont contesté la notion de limites à la croissance, affirmant que l’innovation technologique permettrait de surmonter les contraintes environnementales.
À partir de ce moment, les alertes ont été globalement ignorées.

L’excellent article de «The Conversation» avance quelques pistes liées au contexte d’une époque en pleine croissance, et donc insouciante de la problématique environnementale.
Rapport Meadows : pourquoi les alertes de 1972 ont été ignorées par les chercheurs en management ?

Les Limites à la croissance, connu sous le nom de Rapport du club de Rome, ou encore de Rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, les écologues Donella Meadows et Dennis Meadows
est un rapport commandé par le club de Rome et publié en 1972. Des mises à jour ont été publiées en 1992, 2004, 2012 et 2021

Inéluctable ! Il faudra bien retenir les leçons de ces années d’abondance non maîtrisée, du gaspillage en résultant et de l’exploitation sans concession de notre environnement !

L’année 2023 confirme la progression et l’intensité du réchauffement climatique

En 2023, le monde a été témoin de l’urgence climatique avec une clarté sans précédent.
Les températures mondiales ont continué leur ascension, franchissant des seuils alarmants et soulignant la nécessité d’actions immédiates.

La fonte des glaces polaires et les événements météorologiques extrêmes nous ont asséné de préoccupants rappels sur notre vulnérabilité face à la nature.
La science envoie un message clair : les activités humaines poussent rapidement la planète vers des points de bascule irréversibles, qui menacent les fondements de l’humanité et de son bien-être.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), en 2023, le climat a battu des records accompagnés de phénomènes météorologiques extrêmes, sources de dévastation et de désespoir.
2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée
• Records des températures de surface et d’élévation du niveau de la mer
• Les concentrations de gaz à effet de serre continuent d’augmenter
• La banquise antarctique enregistre un minimum record
• Les conditions météorologiques extrêmes sont meurtrières et dévastatrices
Air, mer, on aborde des situations inédites qui deviennent peu contrôlables.
Les glaces des pôle subissent nettement les conséquences du réchauffement climatique avec des atteintes bien visibles.

Les statistiques mondiales 2023

Pointer un graphique pour en obtenir l’agrandissement

Une année où les catastrophes se sont enchainées et multipliées :

  • La glace laisse place à une végétation qui explose en Antarctique
  • Incendie record au Canada avec nuage de fumée qui a traversé l’Europe plusieurs fois
  • Vagues de chaleur meurtrières en Europe, en Amérique du Nord et en Chine
  • Tornades, ouragans, cyclones, tempêtes et inondations en tous points du globe

Et cette liste n’est pas exhaustive …
Concordance de faits confirmés par des statistiques qui ne laissent pas de place aux interprétations erronées et à la divagation.


Réchauffement climatique : nous n’étions pas dans l’ignorance !

Le point de bascule du climat est atteint et cela probablement depuis quelques décennies. Nous n’en avons pas été conscients, les indicateurs ne paraissaient pas alarmants, nous avons vécu dans le déni de situations pourtant préoccupantes.

Des lanceurs d’alerte il a en a bien eu quelques-uns, souvent de la communauté scientifique, qui nous ont alerté sur les menaces majeures que sont la perte de biodiversité, le dérèglement climatique ou l’épuisement des ressources depuis plus d’un siècle.
Mais leurs messages sont cependant souvent restés ignorés.
120 ans d’alertes sur le blog « anticiper.org », une rétrospective chronologique intéressante à découvrir.


Le 14 août 1912 le Rodney and Otamatea Times, journal néo-zélandais, publiait un article de quatre phrases pris en sandwich dans une page fourre-tout.
Article qui a également paru dans des journaux australiens de la même époque.

«Les chaudières du monde brûlent maintenant 2 000 000 000 de tonnes de charbon par an. Quand il est brûlé, et mélangé à l’oxygène, le charbon ajoute environ 7 000 000 000 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année. Ce qui pousse à rendre l’air étouffant pour la Terre et à augmenter les températures. Les effets pourraient être considérables dans quelques siècles.»

Néanmoins, les premières prévisions d’un réchauffement planétaire voient le jour à la fin des années 1960 et il faudra attendre 1979 pour que se mette en place la première conférence mondiale sur le climat à Genève.
Plus d’un siècle après la publication de l’article du Rodney and Otamatea Times, les effets du réchauffement climatique se font sentir plus vite que prévu : le niveau moyen des mers a augmenté de plus de 15 cm depuis 1900 et la concentration atmosphérique de CO2 de 40% depuis 1750.

En France en 1979 sur un plateau de télévision, Haroun Tazieff évoquait le fait que notre production de CO₂ risquait de créer un fort réchauffement climatique.

Interview télévisé d’Haroun Tazieff en 1979

Surprise ornithologique à Genève en saison hivernale

Le canton de Genève, en Suisse romande est propice aux observations de la faune et de l’avifaune locale.
Les cinq grandes classes (poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères) y sont présentes et représentatives d’un biotope encore riche et varié.

Denis, observateur et photographe passionné, nous fait découvrir au fil des saisons cette diversité que l’on se doit de conserver et protéger.
Parfois, il est surpris d’apercevoir des espèces dont la voie de migration n’est pas celle empruntée habituellement.
Des cheminements probablement dictés par les aléas du dérèglement climatique.

Cette saison hivernale 2023/2024 a réservé son lot de surprises : sur la rive gauche du lac Léman, deux espèces plutôt rares en ces lieux ont été observées au grand plaisir des ornithologues.
La Macreuse à front blanc hiverne en mer, sur les côtes nord-américaines du Pacifique et le d’Atlantique. Il lui arrive parfois d’errer plus loin vers le sud. Cette espèce est régulièrement vue au nord-ouest de l’Europe, et plus particulièrement en Grande Bretagne.

Le Chevalier grivelé l’autre surprise, a tendance à hiverner dans un grand territoire allant du sud des États-Unis à l’Amérique Centrale et comprenant aussi l’Amérique du Sud et d’îles des Antilles, des Bahamas et Galapagos.

De belles surprises, mais qui présentent une anomalie migratoire évidente, et qui pourrait bien se multiplier dans le temps …

Photographe passionné, il nous transmet ses magnifiques images sur la biodiversité.

Il bourlingue entre Suisse et France, et s’imprègne profondément des milieux naturels qu’il visite pour prendre de belles images de cette nature sauvage encore intacte.
Une fois de plus il nous emmène sur ses pas à la découverte d’ophidiens, de lépidoptères, d’insectes, de la faune avicole, de la faune en général.
Une overdose oculaire sur la beauté de notre environnement !

Quelques papillons et insectes

Faune avicole et autre

Denis Oberson, ornithologue amateur

Il est une beauté sensible dans le seul son de ces mots « la bonne terre ». Ils suggèrent à notre esprit la vision des divers éléments et forces de la nature travaillant en pleine harmonie. De tout temps l’imagination des hommes a été enflammée par la conception d’une « symphonie de la terre » …
Fairfield Osborn – « La planète au pillage » 1948

Juillet 2023, le mois de tous les (affligeants) records !

Au fil de ces dernières années, le climat de la planète a basculé dans l’inimaginable, dans l’impensable pour la conscience collective il y a seulement quelques décennies.
Mais aujourd’hui il faut bien admettre que l’on est propulsés vers des développements plutôt dramatiques.
Une accélération exponentielle des températures de l’atmosphère et des océans, liée aux vagues de chaleur en divers point de la planète met en exergue des catastrophes en série.

Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et Copernicus, juillet 2023 devrait être le mois le plus chaud jamais enregistré
Il est extrêmement probable que juillet 2023 soit le plus chaud jamais enregistré, après le mois de juin 2023, de même le plus chaud jamais enregistré.
« Il ne faut pas attendre la fin du mois pour le savoir. À moins d’une mini-ère glaciaire au cours des prochains jours, juillet 2023 battra des records à tous les niveaux », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres.

Température quotidienne globale de l’air en surface (°C) du 1er janvier 1940 au 23 juillet 2023

Température moyenne mondiale de l’air en surface pour les 23 premiers jours de juillet pour tous les mois de juillet de 1940 à 2023

Température globale quotidienne de la surface de la mer (°C) moyenne sur le domaine 60°S–60°N tracée sous forme de séries chronologiques pour chaque année du 1er janvier 1979 au 23 juillet 2023

Anomalies océaniques au 31 juillet 2023

Les catastrophes planétaires de cette année 2023 corroborent bien l’évolution du climat en surchauffe, qu’il n’est d’ailleurs plus possible d’occulter.
Ces quelques constats sont significatifs :
Une chaleur et des pluies exceptionnelles, des incendies de forêt et des inondations marquent un été extrême
Un mois avant son pic habituel, l’océan Atlantique Nord bat son record de chaleur
Chine : la région de Pékin affronte les pluies torrentielles du typhon Doksuri
Colombie-Britannique – Feux de forêt : les autorités ordonnent l’évacuation d’Osoyoos
Etats-Unis : un incendie de 300 kilomètres carrés en Californie et au Nevada
Europe, Canada… les incendies de cette année sont-ils plus violents que les étés précédents ?
Arbres arrachés, grêlons… Les images impressionnantes d’une « tornade » dans le Puy-de-Dôme
Effondrement des calottes glaciaires et des glaciers, sécheresses précoces, et bien d’autres encore …

Le basculement

Inédit, incroyable !
Hallucinante immersion dans l’inconnu, et pourtant en 2023 nous y voilà !
Un dérèglement du climat sans précédent à l’échelle de l’humanité, avec de terribles conséquences sur le vivant.
Le 6e rapport de synthèse du GIEC du 20 mars 2023 est éloquent, mais semble bien se situer en dessous de la réalité vécue depuis le début de cette année.

Vague de chaleur planétaire extrême et persistante

Tous les indicateurs pointent en rouge :
Température de la terre et des océans en surchauffe
Mégas incendies
Glaces des Pôles qui fondent et qui ne récupèrent pas en saison froide
Perte considérable de masse glaciaire au niveau mondial
En clair, l’humanité étouffe !

Le monde suffoque face à la chaleur – BFM TV

Avec les températures très élevées partout dans le monde, peut-on parler d’une canicule mondiale ?

État de la température mondiale au 19 juillet 2023

L’Europe n’est pas en reste et connaît certaines des températures les plus chaudes de l’été 2023 à ce jour, alors qu’un «dôme de chaleur» s’étend sur la moitié sud du continent.
Le pourtour méditerranéen bouillonne et ne cesse de battre des records sur terre et mer, on enregistre par endroit des pointes de températures à plus de 40°C.

Une journée du 19 juillet 2023 significative

Et pourtant nous étions déjà conscients de ce qui pouvait se passer …
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs»
Cette phrase culte prononcée par Jacques Chirac lors du IVe sommet de la Terre, en 2002, de par sa tournure prophétique reste gravée dans l’histoire.

… et nous regardons toujours ailleurs

Nappes d’eau souterraine au 1er Juillet 2023

Que retenir ?
● La période de recharge 2022-2023 a été déficitaire sur une grande partie du territoire.
● Les pluies du début du printemps ont permis d’engendrer des épisodes de recharge et de repousser le début de la période de vidange sur les secteurs les plus arrosés.
● En juin, les précipitations ont été peu bénéfiques pour les nappes.
● La vidange est active sur la plupart des nappes : 75% des points d’observation sont en baisse en juin (60% en mai).

Sur les deux-tiers nord du territoire, les niveaux sont en baisse.
Ce constat est habituel pour la période.
Les pluies de fin de printemps et de l’été ne sont que peu efficaces pour les nappes ; les eaux infiltrées dans les sols permettent d’humidifier les sols et profitent à la végétation.
Sur le tiers sud, les pluies de mai avaient permis d’humidifier les sols et d’alimenter la végétation.
En juin, les pluies ont eu un impact contrasté sur les nappes, selon la réactivité de la nappe et les cumuls pluviométriques locaux.

Rapport complet sur la situation hydrogéologique au 1er juillet 2023
En direct sur le site de la Météo de Montret (71440) en Bresse bourguignonne

Risque de sécheresse sur les nappes à enjeux pour 2023
Selon le BRGM, les prévisions pour l’été 2023 se révèlent assez pessimistes, avec un risque de sécheresse fort à très fort sur une majorité des nappes.
Les nappes ont connu un étiage sévère en octobre-novembre 2022 et la recharge de l’automne et de l’hiver 2022-2023 a été déficitaire.
Seules les nappes ayant bénéficié d’une recharge excédentaire, notamment en fin d’hiver et début du printemps 2023, affichent un risque faible.

Il faut aussi pointer le phénomène météorologique El Niño, ce courant chaud du Pacifique qui va très probablement influencer le climat de nos régions et favoriser un état de sécheresse aggravée des nappes.

Remarquable anomalie de la température moyenne mondiale le 4 juillet 2023

Anomalie de température au 4 juillet 2023 (cliquer sur l’image pour agrandir)

L’analyse de l’organisation ClimateReanalyzer.org pour le 4 juillet 2023 démontre que l’anomalie conséquente de température par rapport à la moyenne mondiale ne cesse de s’accroître.
Si l’on effectue une comparaison de la température moyenne selon la normale 1979 – 2000 qui est de 16,20°C, avec la température observée de 17,18°C, l’écart de 0,98°C continue à s’avérer considérable.
Le décrochage se maintien et reste inquiétant, d’autant plus que l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) déclare l’apparition des conditions El Niño.
L’année en cours paraît bien se profiler pour être la plus chaude jamais enregistrée sur le plan planétaire.

L’anomalie de température à deux mètres sur l’ensemble du globe, est évidente sur l’image ci-dessous.
On visualise bien les zones chaudes hors-normes qui sont majoritairement dominantes.

Deux mois catastrophiques de feux de forêts au Canada

Incendie au Nord-Est de la Colombie-Britannique.
Photo by Icon sport/BC Wildfire Service/Handout via Xinhua

Au Canada, on n’en finit plus d’éteindre les feux de forêts et deux mois après les premiers incendies, la situation ne s’améliore pas !
Contrairement à ce que l’on peut penser de leur origine, il semble bien que l’essentiel de ces embrasements exceptionnels de ce mois-ci, ne soit pas l’œuvre de la main de l’homme, mais qu’ils aient été déclenchés majoritairement par la foudre.

Ce n’est pas terminé, la plupart des incendies ne sont pas maitrisés, les moyens à disposition ne peuvent que très difficilement endiguer ces incendies à répétitions.
Environ 500 feux de forêt sont actuellement recensés.
Selon les autorités, 229 d’entre eux sont actuellement « hors contrôle ».

Le pays est sous le coup d’une catastrophe gigantesque avec des répercussions internationales.
La pollution des feux de forêt peut se propager sur de grandes distances, affectant même des régions éloignées des zones d’incendie.
Il en résulte qu’elle a été véhiculée par les vents, aux États-Unis et en traversant l’Atlantique, sur le continent européen.

New-York (USA)
New-York (USA)
Déplacement des fumées, région des Grands Lacs (Canada-USA)
Trajectoire des particules en direction de l’Europe

Pollution minimale en Europe, selon les scientifiques, mais quelques questions se posent entre les effets conjugués de la pollution ambiante et celle additionnée des particules de fumée des incendies canadiens.

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